La sensibilité écologique désigne l’empathie envers tous les êtres vivants, visibles ou invisibles.
C’est une ouverture au monde qui, dans le contexte actuel de désastre écologique, peut provoquer une souffrance. Alors que dans le milieu professionnel, on peut vite se sentir impuissant, il est temps d’inverser la tendance : cette sensibilité au vivant peut devenir une véritable force.
La sensibilité écologique, entre la sphère privée et professionnelle
La sensibilité écologique sera vécue de manière différente par chacun. Les informations au sujet de la détérioration de notre environnement (vagues de chaleur, multiplication des feux de forêt, disparition de la faune sauvage, sécheresses, … ) vont venir « toucher » à cette sensibilité et peuvent générer de l’éco-anxiété* avec des impacts négatifs sur la santé mentale.
Dans la sphère privée, un individu a la possibilité de se mettre en action. Cela lui permet de s’éloigner un tant soit peu de la sensation d’impuissance provoquée face aux problèmes du dérèglement climatique et de leurs origines complexes. Une consommation responsable, des choix éco-citoyen, etc. donnent une impression de reprise de contrôle.
Dans la sphère professionnelle il est plus compliqué d’agir. L’individu arrive dans un environnement aux normes sociales déjà bien installées. Cela se traduit le plus souvent par une acceptation de ses règles et une recherche d’adaptation. Il peut alors arriver que l’individu se voit demander d’agir de manière contraire à ses valeurs écologiques :
- Un agent d’entretien a qui l’on demande de jeter les poubelles de tri dans la poubelle des déchets,
- Un transporteur de billes plastiques a qui l’on demande de nettoyer son camion sans aucune retenue d’eau pour la décontaminer des billes plastiques,
- Une personne responsable des achats a qui l’on demande d’acheter des métaux provenant d’une zone de conflits.
Suivant le niveau de sensibilité écologique, ces situations peuvent créer une souffrance, souvent subie et non exprimée.
Les valeurs écologiques au travail
Enquête réalisée par Unédic et l’institut Elabe publiée début avril 2023
Enquête réalisée par Unédic et l’institut Elabe publiée début avril 2023
Sondage Audencia et Jobs that makesense – 2022
Rapport : Les événements de vie comme opportunités pour encourager des pratiques ecoresponsables.
Paul Polman, l’ancien PDG d’Unilever, a été le premier à évoquer le phénomène des démissions silencieuses : le « quiet quitting ». Est ensuite arrivé le « quick quitting » et maintenant le « conscious quitting », la démission consciente. Ce phénomène a fait l’objet d’études en France.
De plus en plus de salariés sont en quête de sens au travail et démissionnent lorsqu’ils estiment que l’entreprise n’est pas assez engagée sur le plan écologique ou sociétal. Ils estiment que les valeurs de celle-ci sont trop éloignées des leurs.
Selon Tandberg (2007), 80% des employé.es souhaitent travailler dans une entreprise qui a une bonne réputation en termes de responsabilité environnementale. En 2022, 57% des répondants d’un sondage effectué par Audencia et Jobs that makesense, expliquaient vouloir contribuer aux enjeux écologiques et/ou sociale à travers leur job.
Mais il faut considérer cette tendance à la baisse. En effet, un autre phénomène a été constaté : le «Green Gap». Ce concept met en évidence la différence entre l’importance qu’accordent les individus à la protection de l’environnement, et les actions effectives qu’ils entreprennent pour y contribuer (Bennett, 2011), l’écart entre la croyance et l’action : soit la difficulté pour les individus à réaliser des actions concrètes, malgré leur bonne volonté écologique.
Par exemple, les personnes qui ont des comportements eco-citoyen dans leur sphère privée, sont tentées de les transférer dans leur sphère professionnelle. On appelle ces personnes des « transferts ». Ils rencontrent pourtant des difficultés. L’accueil des transferts au sein d’une entreprise varie selon plusieurs paramètres, notamment la prégnance de la norme sociale de surconsommation actuelle.
Cette norme est maintenant de plus en plus contrebalancée par des injonctions de réduction budgétaire ou un lien entre l’activité et le développement durable. L’évolution des réglementations, la pression de la société civile, l’augmentation des événements dû au dérèglement climatique qui prennent plus de place dans les médias, les risques sur la réputation, l’augmentation du prix des matières premières, des salariés qui sont en demande de sens, …
Pour l’entreprise, avoir en son sein des personnes sensibles à l’écologique, qui font remonter des risques ou des points d’amélioration, devient un atout.
Conscientiser sa sensibilité écologique
Dans le contexte actuel, d’urgence sur la perte de biodiversité, d’évolution des réglementations, des pressions des ONG environnementales et sociales, des risques sur la réputation, etc. le secteur économique se remet progressivement en question. Il tente de changer petit à petit de trajectoire.
Tout est encore en expérimentation et pour une entreprise, avoir en son sein des personnes possédant une sensibilité écologique devient un atout : elles sont capables de détecter des risques et des points d’amélioration.
C’est un potentiel à développer et non à intérioriser. L’objectif est donc de conscientiser sa sensibilité écologique et de la rendre constructive.
*L’éco-anxiété ou écoanxiété est un néologisme qui désigne l’ensemble des émotions liées au sentiment de fatalité vis-à-vis du réchauffement climatique. Ces émotions sont principalement la peur, la tristesse et la colère. (Source Wikipedia)